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| | Jeux de planches - Jean-Paul Alègre | |
| | Auteur | Message |
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Morgouille Lecteur assidu
Messages : 109 Date d'inscription : 22/06/2009 Age : 35 Localisation : Sainte-Cécile / Bruxelles
| Sujet: Jeux de planches - Jean-Paul Alègre Sam 4 Juil - 12:53 | |
| Quatrième de couverture : Chacune des saynètes de Jean-Paul Alègre que comporte cet ouvrage dévoile avec tendresse et bonne humeur les envers du décor de ce monde si mystérieux qu'est le théâtre. Car savez-vous vraiment qui est le Mot de la Fin ? Connaissez-vous deux comédiens capables de jouer deux pièces différentes sur une même scène ? Par quelles ruses peut-on déjouer les pièges tendus par l'administration et s'orienter dans les labyrinthes des demandes de subventions ? Ou encore, comment faire pour gagner les précieuses faveurs de Monsieur Lejuge, le féroce et influent critique dramatique ? Chez Jean-Paul Alègre, le théâtre est dans tous ces états !Différentes saynètes très amusantes à lire mais aussi très certainement à jouer ! Je pense que parler de théâtre au théâtre est toujours très stimulant pour un comédien. En plus, c'est autre chose que de la mise en abyme, ce n'est pas du théâtre dans le théâtre, c'est du théâtre qui a pour sujet le théâtre ! Et ce que Jean-Paul Alègre met dans la bouche des comédiens est très drôle, mais surtout très juste. À l'exemple de cette tirade : - Spoiler:
COMÉDIEN 1 : Le théâtre ? COMÉDIEN 2 : Le théâtre. C’est le lieu idéal pour une confrontation avec le Temps. Sur une scène, ce combat prend vraiment son ampleur. Le théâtre, c’est une course contre la montre. Une tragédie doit trouver son rythme en deux tours de cadran. Une intrigue doit se nouer en quelques minutes. Se dénouer en quelques secondes. Vous disposez d’un temps donné pour raconter votre histoire, d’un autre espace de temps pour faire évoluer l’humeur de vos spectateurs, de quelques instants pour faire naître un sourire, déclencher un rire, d’une toute petite pause pour qu’une larme perle à la paupière d’une petite dame au troisième rang. Et tout cela dans un savant mélange, un dosage aléatoire et en perpétuel équilibre. Que le comédien soit un peu plus lent que d’habitude, et l’effet se transformera en pétard mouillé. Qu’il soit un peu plus rapide, au contraire, et ce qui paraissait excellent le soir précédent se révélera de moindre intérêt…
Bref, ces petites saynètes sont une très chouette découverte ! | |
| | | Lène Bouquinovores
Messages : 306 Date d'inscription : 22/06/2009 Age : 31 Localisation : Grenoble
| Sujet: Re: Jeux de planches - Jean-Paul Alègre Sam 4 Juil - 14:32 | |
| ça à l'air sympa ! Pourquoi mes profs de français ne me parle jamais des piéces de théatre comtemporaines ?? Par contre, si j'ai bien compris, c'est différentes saynètes de théatre, qui chacune traite un aspect du théatre, ou du boulot des comédiens ?? Il faut tout m'expliquer à moi, je suis vraiment un boulet des fois | |
| | | Morgouille Lecteur assidu
Messages : 109 Date d'inscription : 22/06/2009 Age : 35 Localisation : Sainte-Cécile / Bruxelles
| Sujet: Re: Jeux de planches - Jean-Paul Alègre Sam 4 Juil - 16:49 | |
| Oui, quelques aspects du théâtre sont traités... Enfin, ça traite de l'univers du théâtre en général ! Dans la première et la dernière scène, les personnages sont : Le Premier Mot, Le Mot de la Fin et Le Corps du Texte. Et donc, ça parle de l'intérieur de la pièce, de sa construction, de son effet sur les spectateurs... Il y a, entre les scènes, des interbrefs humoristiques. Dans l'une des scènes, un auteur se débat avec un critique et une employée censée aider les auteurs et les troupes pour avoir des subventions... C'est un peu caricatural mais tellement vrai... La tirade de mon premier post provient d'une scène qui s'appelle "J'ai tué ma femme" qui est très drôle ! Les comédiens jouent sur les mots et en viennent à parler de théâtre par hasard. Plusieurs saynètes, dont une sur les répétitions, jouent sur le sens des mots et les quiproquos. Dans une autre scène, on a des comédiens qui mettent en scène le manque d'imagination et le trop plein d'imagination... Comment être dans le bon vis-à-vis de l'interprétation si on ne vit pas un minimum la situation ? L'un croit ou fait semblant de croire (on ne sait pas trop à quel moment il fait semblant) qu'il est au bord de la mer, l'autre sait qu'ils sont sur scène et ne voit pas la mer... Il y a aussi une scène qui parle de censure en l'appliquant dans le texte... Mais dans toutes les saynètes (à part la première et la dernière), les comédiens jouent des comédiens. Et ces comédiens jouent ou ne jouent pas un rôle selon les scènes ! Ce qui est super aussi, c'est qu'il y a possibilité de personnaliser certaines répliques par rapport aux gens avec lesquels on joue. Par exemple : - Spoiler:
COMÉDIEN 1 : Voilà : à partir de maintenant, je ne sais plus quoi dire parce que je n’ai pas répété. Un silence. COMÉDIEN 2 : Mince alors… Ca se complique ! COMÉDIEN 1 : Plutôt, en effet. COMÉDIEN 2 : Tu veux dire qu’après, là, tu ne sais plus du tout ce qui se passe ? COMÉDIEN 1 : Exactement. J’ai plus répété à partir de là, j’ai rien appris, j’ai même pas lu la suite du texte parce qu’on a pompé ça sur une revue de théâtre et la photocopieuse est tombée en panne et Bernard m’a dit : « Je te filerai la suite la semaine prochaine », et tu sais comment il est, Bernard, pour la mise en scène, je dis pas, mais pour l’organisation, enfin, bref, jusque là je savais tout impeccable et toi aussi tu t’en es bien tiré mais on arrive dans le zone à risques, j’espérais trouver le reste du texte dans les loges, mais bernique, tu connais Bernard, organisation : zéro, probable qu’on verra la suite du texte quand on sera déjà sur un autre spectacle, putain, il avait qu’à acheter plusieurs exemplaires, merde, halte au photocopillage, c’est pas faute de lui avoir dit à Bernard, avec ses économies de bouts de chandelle on se retrouve dans la panade et c’est nous, les comédiens sur le plateau, qui devons une fois de plus nous démerder, moi, tu vois, j’aime pas trop dire du mal des absents, encore qu’un soir de spectacle monsieur aurait pu faire l’effort de venir, mais finalement, Bernard, mais si j’ai rien à lui reprocher au niveau mise en scène, y a des fois je finis quand même par penser que le gars Bernard, et tant pis si je te choque parce que je sais que toi t’aurais plutôt tendance à le défendre, le Nanard il a quand même un côté sale con parce qu’il dirige une troupe en filant à ses comédiens des vieilles photocopies dégueulasses qu’on se crève les yeux à lire et qui s’arrêtent en plein milieu d’une scène, et qui c’est qui passe pour une andouille aux yeux du public, c’est pas lui, y a pas de risque, il est pas là, non, c’est nous, merci Bernard, alors là je le dis, merci Bernard !
Un grand silence. L’auteur le met à profit pour signaler que le prénom Bernard peut être remplacé par tout autre prénom, masculin ou féminin. L’occasion de régler ses comptes sur le plateau est trop belle pour ne pas laisser les troupes en profiter en toute liberté.
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| | | Lène Bouquinovores
Messages : 306 Date d'inscription : 22/06/2009 Age : 31 Localisation : Grenoble
| Sujet: Re: Jeux de planches - Jean-Paul Alègre Sam 4 Juil - 19:10 | |
| Merci pour ta réponse ! Moi, ce que j'adore vraiment au théâtre c'est l'idée de jouer avec le français, et de tenir des propos qui paraissent complétement absurdes ou sans queue ni tête, comme Ionesco ! J'ai l'impression que plusieurs de ces éléments sont dans ces piéces, ce qui me tente de plus en plus | |
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